Comment retrouver notre vraie liberté ?

Selon Matthieu Ricard, tout le monde cherche en priorité la liberté extérieure: avoir le droit d'expression, le droit de suivre ses aspirations profondes dans l'existence, le droit de se déplacer...

Même si la liberté extérieure est importante, il ne faut pas négliger la liberté intérieure.

Mais qu'est ce que la liberté intérieure?

Matthieu Ricard explique que si on est constamment sous le joug de nos émotions perturbatrices, de nos automatismes mentaux, de nos actions-réactions, en ayant aucune maitrise sur notre esprit, comme un gamin capricieux ou un singe qui n'arrête pas de s'agiter, quelque soit le degré de liberté extérieure dont on puisse jouir, nous ne serons jamais complètement libres si notre état intérieur n'est pas apaisé.

Finalement, notre esprit, à qui on a affaire du matin au soir, peut être notre ami comme notre pire ennemi, et il traduit en bien être ou en mal être le monde extérieur. On peut être misérable dans un petit paradis et garder sa joie de vivre dans des conditions adverses.

Amael Ferrando écrit dans son ouvrage Qigong Tuina « Philosophie et Diagnostique », que notre état émotionnel et psychique définit notre santé et notre vitalité. Une bonne hygiène mentale et émotionnelle est donc la clé pour conserver un bon état physique. Et inversement, un excès d'émotions engendreront beaucoup de maladies, et celles-ci ne pourront être soignées que par un changement d'état d'esprit, de cadres de pensées, ou par l'expression des émotions non exprimées.

Effectivement, il ne faut pas sous estimer la faculté de notre propre mental, inconsciemment ou consciemment, de créer ces mondes de souffrance ou de bien être.

Matthieu Ricard poursuit : « La liberté intérieure, c'est la maitrise de l'esprit ». C'est notre façon de voir. La liberté ce n'est pas de dériver au gré des vents et des courants, sinon à ce moment là on fait naufrage. Souvent en occident, la conception de la liberté c'est de faire tout ce qui nous passe par la tête. C'est le contraire de la liberté, c'est à dire que nous sommes esclaves des moindres pensées qui surgissent dans notre esprit.

Selon un autre angle de vue, un proverbe chinois tiré du même livre de Amael Ferrando dit: «Les difficultés de la vie sont comme un ressort que l'on comprime. Quand nous sommes forts, il est faible, quand nous sommes faibles, il est fort. » Nous sommes touchés ou agressés dans notre vie quotidienne par notre environnement, quand nous sommes affaiblis, quand notre Energie est en vide. Le fait de renforcer notre énergie, permet d'être plus fort face aux agressions extérieures de toutes sortes, physiques ou émotionnelles. Dans le cas de perturbations émotionnelles, si l'énergie est abondante, les émotions pourront être transformées plus facilement et ne pas entraver la libre circulation de l'énergie par exemple.

« L'état du Coeur induit l'état général,

et l'état général induit l'état du corps. »

Zhuang Zi

Le Classique de l'Empereur Jaune, un des ouvrages importants de la médecine chinoise, mentionne que « Pour traiter la maladie, il faut retourner à sa racine. » et Amael Ferrando précise que « La racine c'est nous ! »

Alors au travail !

Mais comment retrouver notre liberté intérieure ?

Après les obstacles, les outils.

Matthieu Ricard énumère quelques obstacles à l'obtention de cette liberté intérieure, par exemple le fait de savoir ce qui est bon pour nous et ne pas le faire, ou faire tout le contraire. Ou manquer de discernement. Et encore être dépendant à quelque chose qui nous empêche de lever ces obstacles.

Quelques outils proposés par Matthieu Ricard:

Le travail de la psychologie, de la philosophie et du chemin spirituel est de fournir des outils et un chemin de transformation. C'est comme en médecine, on pose un diagnostique et on propose ensuite un traitement. Mais ça ne suffit pas non plus.

Il faut tout d'abord identifier la souffrance: c'est poser le diagnostique.

Ensuite, il faut prendre conscience que ces causes de souffrance sont impermanentes, donc peuvent être transformées, c'est alors reconnaître que c'est possible de s'en sortir : c'est le traitement.

Ensuite il faut mettre tout ça en pratique.

Mais Matthieu Ricard met en garde : « Tout le monde voudrait que tout ça soit facile aujourd'hui. Mais si c'est facile, il ne se passera pas grand chose. »

Toute transformation demande un effort.

Mais cela doit être un effort joyeux. C'est le même effort que ceux qui font de la randonnée en montagne, ça monte beaucoup, ça descend beaucoup, parfois il fait beau, parfois il grêle, mais chaque pas est une joie en forme d'effort, tant que nous ne sommes pas perdus, tant que l'on a le sens d'une direction, chaque pas pas vaut la peine d'être franchi.

Si on a aucun sens d'une direction, que l'on se perd, alors on s'assoie sur un caillou, la fatigue se manifeste, on est désorienté, désemparé, parfois désespéré, et si on est dans la brume et qu'on ne sait pas où aller, ça ne donnera aucun sens à l'effort.

Il faut avoir un enthousiasme en voyant les bienfaits du but que l'on souhaite atteindre, poursuit Matthieu Ricard.

« Toute la part de notre bien être et de notre mal être qui est lié au fonctionnement de notre esprit, peut être changée. Les circonstances extérieures il faut bien sûr les améliorer autant que possible, pour remédier à la pauvreté au sein de la richesse, à l'injustice sociale, au changement climatique, à la maltraitance animale... Mais il y a toute une part de transformation de soi qui est indispensable ne serait ce que pour avoir une action juste vis à vis de toutes ces autres causes.

Si on est complètement délabré à l'intérieur et uniquement préoccupé par nous même, au fond de la dépression, vous n'allez certainement pas faire grand chose pour l'environnement, pour la justice sociale, pour les animaux..... »

Développement personnel ou développement altruiste ?

Cette transformation de l'esprit n'aurait aucun sens si ce n'était uniquement pour soi. Toute l'idée est de se transformer soi -même pour mieux être au service des autres.

Il faut d'abord bien sûr panser ses blessures pour mieux être au service des autres. Il y a une idée de transformation personnelle, mais dans l'idée d'une transformation altruiste.

Quelles sont les conditions favorables pour débuter ce chemin de transformation ?

Quand on débute ce chemin, il faut se donner les conditions les plus favorables.

• Être dans un environnement qui facilite cet effort joyeux

• prendre le temps de cultiver les ressources intérieures nécessaires pour ensuite être capable d'avoir plus de liberté et de ne pas être désarçonné quand les circonstances désagréables de la vie viennent nous voir.

• Trouver la tranquilité. Les rivières, la campagne, les forêts, le silence.... La nature est un environnement favorable au fait de cultiver la liberté intérieure.
  

« Au centre du silence est engendrée la sagesse. »*

Référence Source:

Propos de Matthieu Ricard, tirés de l'extrait d'une vidéo « Interview de Matthieu Ricard en Dordogne 2019 (à propos de son livre « A nous la liberté »)

https://www.youtube.com/watch?v=-5xte7uB8zA

Amael Ferrando, Qigong Tuina, volume 3, Philosophie et diagnostique, Editions Chariot d'Or

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